Après la Fast-Fashion… la Fast-Déco

Dans le monde de la consommation, une nouvelle tendance émerge,
et elle n'est pas sans rappeler les dérives de la Fast-Fashion. Alors que les
consommateurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux écologiques et sociaux,
une nouvelle menace pointe à l'horizon : la Fast-Déco.

Cette tendance, mise en lumière par des rapports de l'association Zero Waste France, met en évidence une explosion des ventes de meubles et d'objets de décoration ces dernières années. Entre 2017 et 2022, le marché de la décoration a explosé en France, passant de 269 millions à plus de 500 millions d'unités mises en vente.. Cette frénésie d'achats, équivalant à environ 17 éléments par foyer et par an, reflète une culture de la surconsommation où la rapidité du renouvellement des collections prime sur la durabilité des produits.

 

Les conséquences de cette tendance sont multiples et préoccupantes. D'une part, la qualité souvent médiocre des produits proposés entraîne une obsolescence rapide, contribuant ainsi à une augmentation exponentielle des déchets d'ameublement. Entre 2014 et 2020, ces déchets ont doublé, témoignant de l'ampleur du problème.

Des prix imbattables, mais à quel prix ?

Dans ce paysage de la Fast-Déco, les prix jouent un rôle central, incitant les consommateurs à succomber à des achats impulsifs et fréquents. Les offres alléchantes de produits à bas prix semblent être une aubaine pour les acheteurs, mais derrière ces étiquettes bon marché se cachent souvent des réalités moins reluisantes.

Les coûts de production réduits suggèrent souvent des compromis sur la qualité des matériaux et des processus de fabrication, compromettant ainsi la durabilité et la longévité des produits. De plus, les prix bas peuvent également dissimuler les coûts environnementaux et sociaux associés à la production de masse et à la distribution à grande échelle.

En fin de compte, ces offres à bas prix peuvent sembler attrayantes à court terme, mais elles contribuent à perpétuer un cycle de surconsommation et de gaspillage qui a des répercussions néfastes sur l'environnement et la société dans son ensemble.

D'autre part, cette course à la nouveauté s'accompagne de pratiques de production souvent peu respectueuses de l'environnement et des droits sociaux. Les bas prix affichés cachent souvent des coûts élevés, que ce soit en termes d'exploitation des ressources naturelles ou de conditions de travail déplorables.

Face à cette situation alarmante, Zero Waste France appelle à une action urgente de la part des autorités. Ils proposent des mesures telles que l'encadrement strict de la filière de la décoration, avec une limitation du nombre de produits commercialisés par an. De plus, un système de bonus-malus pourrait être instauré, afin de pénaliser les produits fabriqués dans des conditions défavorables et de favoriser les alternatives durables.

Il est désormais crucial que les consommateurs prennent conscience de l'impact de leurs choix et optent pour des modes de consommation plus responsables. Car après la Fast-Fashion, la Fast-Déco est là, et il est temps d'agir avant qu'il ne soit trop tard pour notre planète et notre société.

Les propositions des associations pour mettre fin à la fast-déco

 

Zero Waste France, Les Amis de la Terre France et le Réseau National des Ressourceries et Recycleries demandent des mesures contraignantes pour :

 

  • réduire les quantités de meubles et éléments de décoration commercialisées en France, afin de respecter la limite de +1,5°C fixée par lAccord de Paris.

  • doubler les montants investis pour le développement du réemploi dans le secteur de l’ameublement et de la décoration, sous l’impulsion de l’Etat.

  • soumettre les éléments de décoration au principe du pollueur-payeur à travers la filière à responsabilité élargie du producteur (REP) dédiée, au même titre que les éléments d’ameublement.

  • limiter et encadrer les pratiques marketing et la publicité incitant à la surconsommation.

 

  • faire baisser le coût de la réparation des meubles et éléments de décoration sous le seuil psychologique de 33% du prix neuf, grâce à des aides adaptées (“bonus réparation”).

 

  • interdire ou a minima mettre en place des pénalités fortement dissuasives dès 2025 pour les produits non recyclables ou fabriqués avec des ressources non gérées durablement, comme les fleurs en plastique.
Ecrit par Julien HARY

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